Explications en français |
4 Pasteur et homme politique qui, malgré sa jeunesse, s’est fait un nom dans l’histoire politique et sociale du pays. Né à Tananarive le 31 juillet 1930, le jeune Andriamanjato, après des études primaires faites à l’École publique de Mahitsy, entra au lycée Galliéni. Bachelier en 1950 dans la série Moderne Mathématiques, il fit les Math Géné à Montpellier en 1951-52, puis la Théologie — deux ans à Montpellier (52-54) et deux autres années à Strasbourg (54-56) — et vint terminer sa licence de philo et d’histoire à Paris en octobre 1956. Il est alors élu Président de l’A.E.O.M. et est souvente fois désigné pour représenter l’Association dans diverses sessions internationales d’étudiants. De retour à Madagascar en 1957, il est nommé, peu après son arrivée. Pasteur d’Ambohitantely sur décision du conseil presbytéral de la paroisse pour prendre la succession du regretté Ravelojaona, mais ses activités sont presque toutes tournées vers la politique. Un des fervents participants au Congrès dit de l’Indépendance de Madagascar tenu à Tamatave en mai 1958, il devient Président de la Délégation permanente de ce Congrès, puis celui des cinq partis unifiés sous le nom de A.K.F.M. (Parti du Congrès de l’Indépendance de Madagascar), formation nationaliste nettement de gauche. C’est sous l’étiquette de ce parti — qui est devenu par la suite le plus grand parti de l’opposition — qu’il fut élu Maire de Tananarive en 1959 et député de Tananarive (avec Raseta et Jaozandry) aux élections législatives du 4 septembre 1960. On ne lira pas sans intérêt la thèse de théologie de R. Andriamanjato, « Le Tsiny et le Tody »; où il décrit et définit, dans ces deux choses, comme qui dirait la conception malgache du péché et de la justice immanente, et en instaure une critique peu favorable, semble-t-il sous prétexte que la multiplicité des règles (celles qui régissent la vie en société) a vite fait de donner naissance dans l’âme malgache à une espèce de sentiment de culpabilité... En définitive, dit Andriamanjato, le Malgache se sent toujours coupable quand il agit ou parle ou pense. Cette affirmation a quelque chose de trop absolu pour être vraie; de plus, cette critique de M. Andriamanjato à l’endroit du « tsiny », si elle semble logique pour lui, puisqu’elle est dans la ligne de la tradition libérale protestante, paraît quelque peu exagérée pour un catholique, par exemple, qui, se sentant constamment et partout environné d’ennemis: le monde, le démon et soi-même, n’a pas de peine pour comprenrde la notion du « tsiny » comme culpabilité ambiante possible. Il faut reconnaître plutôt, comme Andriamanjato le dit lui-même, qu’« il y a à la fois un souci de la perfection et le souci d’une entente que nous qualifierons d’universelle où tout heurt est prohibé ». [1.11]
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