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5 Il fait encore nuit noire lorsque nous marchons sur Marovoay; avec quelle impatience ! Enfin, nous allons donc combattre et rencontrer l'ennemi. Réveil à trois heures et demie, départ à quatre heures et demie. Les curieux sont assez nombreux au bord du fleuve, où ils assistent au débarquement des boutres et aux ébats des caïmans, dont quelques-uns dépassent deux mètres de longueur. Le premier chef de cette police française est un simple soldat de la légion étrangère, nommé Fouloneau, qui parle malgache et a habité cinq ans à Tananarive. À Marovoay, le général Metzinger décrète la formation d'une police. Nous parcourons environ neuf kilomètres et nous établissons notre camp à peu de distance de la Betsiboka... Sur la berge du fleuve dorment de grands et nombreux caïmans. À peu de distance de moi, étendus comme de paresseux lézards, dormaient de gros caïmans. Ils n'ont pas l'air agressif. Le bruit que j'ai fait en m'installant a troublé leur quiétude. Ils se levèrent sur les pattes de devant, explorèrent le terrain, puis reprirent leur place. À six heures, nous recevons l'ordre de nous tenir prêts le lendemain à franchir le Kamoro, affluent de la Betsiboka et proche du confluent de ce fleuve et de l'Ikopa. Les fièvres s'aggravent. Aujourd'hui est mort le soldat Mohamed ben Abekri, à la suite d'un accès pernicieux. Pauvre grand diable, il a bien souffert pendant deux jours. De ma tente entr'ouverte, j'apercevais ce malheureux se contorsionner à l'ambulance toute proche. La petite mouche appelée moukafoui est particulièrement féroce. Elle est tenace entre toutes, pénètre partout et se laisse tuer sur la position conquise. Cinquante lieues de France, à peine, nous séparent de Tananarive. Ving-cinq environ traversent encore une zone montagneuse et à peu près déserte; le reste est en Émyrne, province très cultivée, très peuplée, où sont concentrées presque toutes les ressources de l'île. Etape de 18 kilomètres; le bataillon arrive, très fatigué, à une heure, près d'Ankazobe et établit son camp. Nous partons à six heures trente derrière la 2e brigade. Nous campons à une heure à 20 kilomètres, près de Babay. L'espace est tellement restreint que nous sommes mêles aux animaux du convoi. Pays très accidenté, couvert de villages. La 5ème compagnie, sous les ordres du capitaine Pradal, survient à son tour et prend position à droite de la 8ème; le lieutenant Bordeaux, à l'extrême droite, va balayer les bords de la Mamba, occupés par les Hovas. Je passe le Mangoro en pirogue pour 30 centimes. Ce fleuve a cent mètres de large et quatre à cinq mètres de profondeur. On y voit des caïmans.
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