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1896 page 43
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La Grande Forêt posait un problème tactique. Après chacune de nos attaques, les Fahavales s'y réfugiaient. Serait-il possible de les y poursuivre? ... Le capitaine Michelangeli ... fut autorisé à pénétrer dans la Grande Forêt et je demandai à l'accompagner pour étudier la possibilité d'y mener un jour mes canons. Cette reconnaissance qui dura deux jours fut pénible. C'est une des plus dures épreuves physiques que j'eus à supporter au cours de ma carrière. Dans un enchevêtrement de lianes énormes, des arbres géants dont on ne voyait pas le sommet interceptaient la lumière du jour. On avait l'impression de cheminer au fond d'un aquarium. Des fougères arborescentes formaient un taillis épais qu'il fallait tailler au coupe-coupe. Le sol, constitué par une épaisse couche de détritus végétaux en décomposition, était spongieux au point de rendre la marche pénible. À l'étape, j'essayai d'enfoncer la sagaie de deux mètres, qui me servait de canne, dans cet étrange terrain. Elle y disparut tout entière sans rencontrer le sol dur. Le spectacle était beau. Des troupes de singes nous accompagnaient, sautant d'une liane à l'autre. Des oiseaux de toutes couleurs volaient au-dessus de nous et de splendides orchidées ornaient le tronc des arbres. Mais les moustiques qui nous harcelaient ne nous laissaient pas le temps d'admirer la nature. |