Centré sur une zone et un art, ce volume s' intéresse à des genres et des époques allant de la fixation de l' écriture en 1820 suivie par les premières tentatives littéraires en malgache à la situation contemporaine.
Placés sous le signe de la progression (" l' éclosion à l' épanouissement "), les articles se succèdent sans ordre apparent.
L' article d' ouverture de l' anthropologue M.
Rakotomalala qui met en garde contre le jeu subtil des non-dits et des anachronismes dans le discours présenté comme historique est suivi par une étude comparative en anglais de S .
Fee de contes bara et tandroy présentant les mêmes schémas narratifs.
Alternent ensuite des études thématiques avec une analyse d' un article de Rajaonah Tselatra de 1912 sur les fleurs et leur symbole (qu' illustre la couverture, G.
Lefèvre, M.-L.
Randrihasipara et Veloandro) et un panorama du motif littéraire de l' exil (le poète F-X.
Razafimahatratra, lui-même exilé), des études biographiques sur le malgachophone Gabriel Rajonah (1895-1972) (M.
Razarihelisoa) le colonial Charles Renel (1866-1925) (J.
Roubeau-Raharisoa) et le francophone Ramambason (Nirhy-Lanto Ramamonjisoa), une esquisse d' histoire littéraire avec l' analyse des systèmes poétiques et de leurs modèles et la présentation de revues betsileo (C.
Rasoamampionona), enfin une analyse du travail lexicologique de Dox lors de sa traduction du Cid en 1961 (N.
Razaimiandrisoa) et une brève présentation de la bande dessinée malgache (N.
Ravelontsalama).
Les compte-rendus se penchent sur des ouvrages ethnologiques et théologiques avec les actes d' un colloque sur la pharmacopée (Tuléar, 2005), une thèse sur le christianisme et l' usage des plantes médicinales (A.
Robivelo) et une autre sur les médecines " hybrides " du Sud (G.
Lefèvre), un article sur les talismans (C.
Athenor et M.
Trannoy), un ouvrage sur les tensions entre christianisme et religion traditionnelle (A.
Rahamefy) et un catalogue de poteries chinoises dont on retrouve des fragments dans cette zone de l' Océan Indien (M.F.
Dupoizat et N.Harkantiningsih).
On le voit, il fallait bien annoncer des variations pour cet ensemble au sein duquel il devient difficile de tracer des lignes de force, d' élaborer des rapprochements, de parvenir à un tableau général de la vie littéraire à une époque quelconque.
Si certaines études s' appuient sur de nombreux exemples pour développer une démonstration solide (par exemple les sources et les formes du motif de l' exil), d' autres s' en tiennent à des informations biographiques pour affirmer, à propos de Renel par exemple, que " s' établit un équilibre et une complémentarité entre l' homme et l' oeuvre " (237), celle-ci n' étant aucunement analysée ou introduisent des jugements moraux comme " le traducteur doit pouvoir se maîtriser " (209) à propos de Dox.
Cet ensemble apportera de nombreuses informations intéressantes sur les auteurs, les oeuvres ou les revues peu connus et largement cités (poésie de Ramambason, le souci de " transfert de connaissances " (143) chez Gabriel Rajaonah) mais laissera sans doute un peu décontenancés ceux qui ne connaissent pas le paysage littéraire malgache et les problématiques qui le traversent car ils ne trouveront aucun repère hormis la bibliographie de chaque contributeur.
Il ressort de la lecture de ces diverses contributions qu' à propos de Madagascar, il est nécessaire d' adosser les études littéraires particulières à une solide connaissance du contexte social, anthropologique et historique dans lequel elles apparaissent.
Celui-ci étant traversé de courants contraires et souterrains, les apparentes incohérences (défense d' un patrimoine traditionnel/ouverture, choix de la langue, travail de restauration ou modernisation du malgache, influences endogènes et exogènes, conflits ethniques, idéologiques et religieux, tensions politiques, statut de l' écrivain) prendront alors sens et l' on pourra établir des rapports entre les lieux, les hommes, les attitudes présentés séparément dans ces variations.
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